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Un chanteur de toutes les couleurs

J'ai fait un rêve

I had a dream ! J'ai fait un rêve ! Aujourd'hui on s'était tenu la main, aujourd'hui on s'était tenu le cœur. On avait ri au milieu de nos larmes, on avait pleuré dans des éclats de rire. On s'était montré à nous mêmes que les mots avaient un sens, liberté, fraternité, que ce pays pouvait se rassembler et résister. Aujourd'hui on était tous ensemble autour de ce rêve, de cette vision, une vraie démocratie où tous se respectaient et allaient même jusqu'à s'aimer, se parler sans se connaître.

 

Dans mon rêve, des millions de gens s'étaient rassemblés pour défendre un lieu dont ils ne savaient même pas qu'il existait, un lien qui les rendait libres, une goulée d'air frais qu'ils respiraient sans le savoir, avant. Il avait fallu du sang, des balles, de la haine, pour enfin revendiquer la vie, la paix, l'amour.

 

Et dans mon rêve cette rencontre sans précédent de notre France avec elle même s'était passée autour d'un petit journal de rien du tout, une feuille de chou que la plupart trouvaient au mieux insignifiante et au pire obscène, un canard bon à jeter à la poubelle, avec à peine quelques dizaines de milliers de lecteurs : une minuscule goutte d'eau. Mais voilà que cette goutte d'eau avait provoqué un déluge. Soudain l'unité existait, soudain on savait autour de quel soleil tournait notre cœur. Des siècles de conquêtes lentes, obstinées, violentes, se jetaient comme des milliers de ruisseaux dans le grand océan d'un rêve humain, vivre ensemble, en paix, côte à côte dans le même pays. Nous venions de prendre conscience de ce qui était en jeu, de ce qu'on voulait nous dérober : le rire, la légèreté, mais aussi la profondeur, la liberté de se moquer de tout, la liberté de chanter, de crier des gros mots, de sauter en rigolant dans les flaques, La liberté de ne rien respecter de ce qui voudrait se mettre hors de portée des quolibets et de la critique. La liberté aussi d'être et de vivre ensemble quelles que soient les différences.

 

Demain bien sûr les politiciens se disputeraient les morceaux de cadavres. Demain on se chamaillerait encore, on critiquerait, on râlerait. On marcherait encore dans des chemins escarpés et arides, mais on n'oublierait pas cette vision fugitive. Une vallée verte et fleurie de sourires. Une place immense où les hommes et les femmes se tiennent les mains.

 

J'ai fait un rêve et soudain, j'étais fier d'être français.

Photo Paris Match

Photo Paris Match

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