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Un chanteur de toutes les couleurs

La première écoute

Une chanson passe le plus souvent par des mues invraisemblables avant d’exister pour de bon.

 Autrefois, je partais du texte, quelques mots qui sonnent ensemble, qui contiennent à la fois une évidence et un mystère. Mais depuis longtemps déjà, c’est la musique qui me guide et qui appelle des paroles. Parfois, la grâce me frôle, et donne naissance à cet être hybride et improbable. Encore plus rarement, la chanson tombe du ciel, finie : elle existait déjà quelque part, et je n’ai eu qu’à la cueillir. Mais le plus souvent, guitare seule et mélodie dessinent la forme de la première mouture.

 Le plus important ensuite, c’est la recherche du balancement, du groove. Puis peu à peu, l’arrangement se construit autour de ce centre, mais ce centre lui même peut basculer. J’essaie une batterie, une rythmique, boîte à rythme plus ou moins évoluée. Je reviens en arrière. Je change le tempo. Plus rapide, plus lent. Je charge, souvent trop. Et puis j’allège. J’efface tout. Je reviens à la guitare. Je rajoute un pont, un instrumental. Souvent le texte évolue aussi. Ce chantier peut durer des mois, des années.

 C’est pourquoi celui qui a entendu la toute première version ou une étape intermédiaire, qui a été séduit et a pu entrevoir le charme contenu dans la graine, est le plus souvent déçu lorsqu’il entend la version finale. Alors que moi, la version finale, je l’entrevoyais déjà dès le début, et j’ai couru après à travers essais et erreurs.

 La première écoute d’une chanson est déterminante. C’est pourquoi je fais rarement écouter une chanson en chantier tant qu’elle n’est pas finie, ni et nini, mixée, masterisée, voire même gravée sur l’album qui la conservera pour toujours : indiscutable.

Et tiens, une idée tout à coup : bonne année 2025 !

Aznavour, en véritable orfèvre, file ici une métaphore autour d’une enquête de police. Performance bluffante, mais à mon goût justement un peu trop virtuose :« l’as tu vu, comme je sais bien écrire ? ».

Oh, le nul ! voilà qu'il critique le maître... Ben oui, tant pis. 😋

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C
Je ne peux que te comprendre, je vis la même chose avec la peinture
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G
J'aurais bien parlé du film de Clouzot sur Picasso (où on le voit recommencer à zéro je ne sais combien de fois) mais ça faisait un chouïa prétentieux !
C
Avec toi Gérard. Amicalement BK
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