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Un chanteur de toutes les couleurs

Pete Seeger

Ce blog va devenir le Boulevard des allongés, si ça continue à ce rythme. Vous aurez remarqué que j'écris de moins en moins de billets, pressé par le flux de la vie quotidienne. Et les derniers en date ne parlent que de disparitions. Et en voici une autre, hélas, Pete Seeger, disparu à l'âge de 94 ans.

Quand j'ai eu la bonne idée de créer avec mon pote Jacques Materne la "Club de Folk" à Brest à la fin des années 60, j'étais un pur bizuth en ce qui concernait cette musique, en fait. Mais le coup de cœur avait été si puissant que j'ai senti que mon chemin passait par cette étape. Sous l'égide du CLEB (Cercle Laïque des Etudiants Brestois) on se rassemblait le mercredi soir dans une baraque du Patronage Laïque (sic) Guérin, entre St Martin et Kérinou, et on passait des soirées "hootenanny", scène ouvertes, avec le folk comme étendard, mais en réalité c'était bien plus vaste et j'ai pu y rencontrer Annkrist ou Manu Lannhuel qui interprétaient leur premières chansons, Joassin qui chantait les Beatles, ou Jean Pierre Thomin (devenu plus tard maire de Landerneau, et conseiller régional!) qui chantait des poèmes de Per Jakez Hélias: il n'y avait pas d'interdit. C'est là aussi que j'ai fait la connaissance de Patrick Ewen, venu chanter du Graeme Allwright.

 

Et un des participants à ces soirées, grâce lui soit rendue, m'a un jour prêté des albums de Pete Seeger, sortis chez Folkways, je crois, "American Favorite Ballads". Le choc! le jeu de guitare, de banjo, la voix et le phrasé clairs et simples, la beauté et la construction des mélodies, la poésie concrète des textes, c'était soudain un continent entier qui surgissait devant moi, et j'étais littéralement ravi, emporté par un fleuve neuf et puissant, un nouveau Mississipi qui venait enrichir ma petite Penfeld de chanson française et de rock J'ai usé les vinyls pendant des mois, et je crains de les avoir rendus avec quelques rayures en plus.

 

Mais, bien mieux encore: quelques années plus tard, alors que je venais de plonger dans le grand bain et de devenir "pro", je dois dire que je trimballais encore pas mal de mépris envers la musique bretonne, un mépris qu'on m'avait inculqué naïvement, comme celui de la langue d'ailleurs: c'était rétrograde et bon pour les oubliettes. A ce moment là, Pete Seeger a publié un genre de manifeste où il exhortait les musiciens de tous les pays à cesser de se courber devant la musique américaine, fût elle "folk", pour s'intéresser à celle de leur coin, de leur quartier, de leur région, de leur pays.

Deuxième choc! et grâce, en partie, à cette injonction, et aussi bien sûr aux rencontres, et à la créativité d'Alan Stivell et d'autres encore, j'ai commencé à tisser ma tapisserie personnelle avec de nouveaux brins qui poussaient près de chez moi, et que j'avais auparavant superbement ignorés. .

 

Donc, merci Pete, tu m'as ouvert deux immenses portes qui m'ont conduit à trouver ma propre musique! ça va swinguer là haut, avec Woody Guthrie et d'autres pionniers, et je ne serais pas étonné qu'ils fondent un syndicat au Paradis de Musiciens.

Ici avec Bruce Springsteen lors de la prestation de serment de Barack Obama

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J
merci Gérard pour cette remise en situation des sixties ...
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G
Mais, c'est juste mon histoire, "the story of my life"!
G
Merci Evelyne! Pete Seeger était un grand "passeur", je crois bien que toi aussi tu es une "passeuse"!
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G
Coucou Gérard,<br /> J'ai relayé la lettre ouverte de Pete Seeger (1972) sur notre site pour celles et ceux qui souhaitent la lire :<br /> http://www.ciebeline.com/chanson-trad/lettre-ouverte-du-folk-singer-americain-pete-seeger<br /> Des bises à toi,
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