20 Octobre 2009
Lundi 12 et Mardi 13 octobre 2009
Répétitions avec Yvon le Men et Patrik Ewen : « Vers l'Extrême Nord du Monde »
C'est un spectacle conçu en 1989, que nous avons joué au début des années 90. Le reprendre 20 ans après, est ce possible, est ce souhaitable, quel intérêt? Après avoir répété une semaine fin août, nous nous posons encore cette question. Il y a le plaisir de se retrouver tous les trois, trois vieux copains, comme on le fait avec Melaine dans le Trio Edf, mais cette fois dans un registre de parole plus poétique, autour d'Yvon. Il y a cette rêverie autour du Nord, que nous avions alors, le goût du voyage à travers mots. Mais aujourd'hui, il y a de l'orage dans l'air. Pas entre nous, non, tout va bien, mais nous sentons tous les trois que le rythme n'y est pas, nous n'arrivons pas à trouver l'équilibre subtil entre nous trois, entre les énergies diverses que chaque poème ou chanson ou récit dégage. Et c'est cet équilibre qui va faire que le spectateur nous suivra dans notre voyage, et qu'à l'arrivée il verra les images, ressentira les émotions que nous souhaitons transmettre, et sortira de la salle avec le sentiment d'un moment de rêve partagé.
Les musiques : celles que j'ai réalisées à l'époque m'ont semblé décalées pour notre sensibilité d'aujourd'hui quand je les ai remises en œuvre au mois d'août. Les sons vieillissent vite, surtout les synthés. Depuis le mois d'août, j'ai retravaillé des arrangements, en modifiant des tonalités. J'ai fait ça d'une nouvelle manière, qui me semble plus coller à ce que je suis maintenant. Mais ce matin, on se rend compte que tous les deux, Yvon comme Patrik, ont du mal à se faire au nouveaux arrangements, où la rythmique est plus marquée.
La matinée se passe en problèmes techniques irritants, lumières, son, micros qui larsennent, plein de détails qui clochent. Stress. A l'heure de la pause, on en arrive à se évoquer : ça ne colle pas. On a fait une erreur, on va tout annuler. Mais non, ce n 'est pas possible, les programmes sont faits, on s'est engagés, on doit aller jusqu'au bout, quoiqu'il arrive. On est vraiment défaits. Pendant le repas surgit une solution : nous allons supprimer toutes les bandes orchestres, ne garder que les bruitages (mer, vent, chant inuit, et un bourdon pour le final). Et tous les accompagnements se feront « en direct » à la guitare, et un soupçon de violon.
Le premier filage de l'après midi nous prouve que c'est la bonne piste. C'est miraculeux de sentir l'harmonie qui se déploie, comment chaque texte, chacun de nous quatre trouve sa place juste dans l'ensemble, alors que deux heures auparavant tout était en vrac. Nous tenons enfin la nouvelle couleur de notre voyage. Dom' pendant de temps a fignolé ses ambiances lumineuses. Magali, qui dirige l'Intervalle à Noyal, a assisté au début du 2ème filage. Elle nous fait quelques remarques, fort bien vues. Il reste du chemin à faire, mais on est sur la bonne piste.
L'Extrême Nord nouvelle mouture commence à avoir sa vie propre, encore un peu maladroite, mais nous avons mis à jour son âme. C'est le principal. Le reste, c'est du travail, encore, des réglages en finesse.