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Un chanteur de toutes les couleurs

Luxe calme et volupté des vaches

Je découvre depuis quelques semaines Philip Roth, écrivain juif américain, et si je dis juif, c'est que cette appartenance est à la base de son oeuvre. J'en vois plein qui ricanent : "oh, trop la loose! i' connaissait même pas Philip Roth!". Ok, il semblerait que je sois un des derniers incultes...Mieux vaut tard que jamais! ses romans sont passionnants à toutes les échelles: le récit, le style, la construction. Je vous recommande en particulier Le complot contre l' Amérique, une fiction politique qui réveille pas mal d'échos avec la période actuelle en France.

Mais ici, juste pour rire, pour la blague et le plaisir du vocabulaire, un petit extrait de La tache (et non pas la vache!) sur le bonheur absolu d'être un bovin femelle. Vous pouvez l'agrémenter de l'écoute de ma célèbre chanson "Vache grosse vache", qui apporte au propos une dimension quasi métaphysique.

Luxe calme et volupté des vaches
Luxe calme et volupté des vaches

"...Les vaches couleur crème, aux vastes flancs dansant pareils à des vaisseaux, aux panses en barrique, aux pis gonflés de lait, boursouflés jusqu'à la caricature; les vaches sans souci ni conflit, qui se mouvaient lentement, chacune d'entre elles une industrie lourde de six cent kilos et plus, une usine à plaisir, des bêtes aux grands yeux pour qui mâcher à un bout de leur corps la nourriture dispensée par une mangeoire tandis qu'on les suçait à l'autre par quatre, oui quatre, infatigables bouches mécaniques - pour qui cette stimulation sensuelle par les deux bouts n'était que leur droit au plaisir. Chacune d'entre elles baignait dans son existence bestiale béatement exempte de spiritualité: gicler, ruminer, chier, pisser, brouter, dormir - telle était toute leur raison d'être... De temps en temps, un bras humain dans un long gant de plastique plonge dans le rectum pour retirer le purin, puis, en suivant la paroi rectale, guide l'autre bras pour introduire un fusil-seringue jusqu'aux canaux reproducteurs et y déposer du sperme. De cette façon, les vaches procréent sans être importunées par le taureau, elles sont dorlotées jusque dans leur grossesse, puis assistées quand elles mettent bas même par des nuits de blizzard où le thermomètre descend au dessous de moins dix. Tout ce que la chair offre de plaisirs, y compris celui de savourer tout à loisir, à pleine bouche, leur interminable rumination. Peu de courtisanes auront aussi bien vécu, sans parler des ouvrières..."


 

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