29 Octobre 2017
J'ai lu "L'art de perdre" avec intérêt, d'abord : je voulais juste apprendre ce que recouvre le mot "harki". C'est aussi ce que se met à rechercher Naïma : son grand père a quitté l'Algérie pour la France au début des années 60, et depuis l'omerta règne dans la famille.
Puis, happé par le récit, j'ai plongé dans les tourments d'hommes et de femmes, sur plusieurs générations, que l'espace et le temps éloignent peu à peu de leurs racines, de leur langue, de leur être. C'est douloureux et poignant. Alice Zeniter nous conte cette histoire dans une langue simple et concrète. La perte insensible du pays ancien, la conquête d'une place dans le pays nouveau, le gouffre d'incompréhension qui se creuse peu à peu entre les parents, les enfants, les petits enfants : une douleur sourde et constante qu'il faut apprivoiser, alors qu'on ne sait même pas d'où elle procède.
Oui, j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux. Tant de vies en lambeaux, de vies déchirées, de murailles de silence, tant de torturés, d'exécutés au nom d'une liberté qui n'a encore pas vu le jour soixante années plus tard.
C'est la petite histoire, celle qui nourrit la grande de son sang et de ses larmes.
Mais si comme moi tu aimes les happy end, rassure toi : on ferme le livre apaisé. "Tout n'est pas résoud", (comme disait un musicien que je connais), mais la vie est vivable.